§ 214. En revanche, dans la mesure où les consonnes d’un même groupe n’ont pas d’éléments communs, elles sont unies entre elles de telle sorte que l’explosion de la première consonne a lieu avant que l’implosion de la deuxième soit commencée.
C’est au reste un des caractères les plus généraux de la phonétique du parler (et d’ailleurs de la phonétique irlandaise en général, quoique, peut-être, à un moindre degré) que la continuité avec laquelle les phonèmes s’enchaînent en quelque sorte progressivement les uns aux autres, les phases intermédiaires restant toujours audibles, au point de donner souvent l’impression de constituer des phonèmes distincts. Aussi est-on parfois embarrassé de tracer une limite entre les cas où le groupe consonantique est dissocié et ceux où l’on a deux consonnes entre lesquelles est perçu, comme un point vocalique, le changement de position de l’une à l’autre tenue consonantique. La démarcation est d’autant moins nette que sur ce point (l’un de ceux où le parler est actuellement en voie d’évolution) les fluctuations individuelles sont sensibles.
§ 215. Groupes de deux consonnes : constitués
1º Par une occlusive pure, sourde ou sonore, une sifflante (s ou ʃ), un f (fʹ) ou, à l’initiale modifiée grammaticalement, par une nasale, une spirante ou un h, suivis de liquide.
pʹrʹαb (preab) « sursaut » ; srɑ꞉ⁱdʹ (sráid) « rue » ; flahʹ (flaith) « prince » ; ɩ mʹlʹiꞏənə (i mbliadhna) « cette année » ; ǥɑ꞉ χlᴜꞏɛʃ (dhá chluais) « deux oreilles » ; də hlɑ̃꞉ⁱnʹtʹɩ (do shláinte) « ta santé ».
2º Par une occlusive dentale ou gutturale pure, sourde ou sonore (ou, exceptionnellement, une nasale), une sifflante (s ou ʃ) ou, à l’initiale modifiée, par une nasale, une spirante ou un h, suivis de n (nʹ) :
knɑ̃꞉v (cnámh) « os » ; gno꞉ (gnó) « affaire » ; mnɑ̃꞉ (mná), gén. et plur. de bʹαn (bean) « femme » ; ʃnʹi꞉ᵊv (sníomh) « filer » : do ǥno꞉ (do ghnó) « ton affaire » ; ɑnəhnɑ̃꞉v (anashnámh) « nage impeccable ».