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Le groupe. La syllabe. Le mot. La phrase

deuxième syllabe, c’est-à-dire à devenir d’implosivo-explosifs (« à tension complexe »), explosifs (« à tension crois­sante »). C’est ainsi qu’on doit diviser :

kʹi:ᵊk-ᵊrəχ (cíocrach) « avide » ; tɑg-ᵊrɩmʹ (tagraim) « je mentionne » ; i:ʃ-ⁱlʹɩ (ísle), comp. de i:ʃəl (íseal) « bas » ; αfʹ-ⁱrʹən (aifreann) « messe » ; sg̬ᴀᴜn-rə (scannradh) « terreur », etc.


Cependant, nous avons vu (chapitre iii) que là où un groupe implosivo-explosif est d’ouverture et de sonorité crois­sante, il tend à se créer un sommet sylla­bique secon­daire entre l’implosive et l’explosive. Dans les cas les plus nets la sylla­bation est actuelle­ment modifiée chez tous les sujets : il faut compter α-gʹɩ-nʹɩ (aigne) « esprit » comme tri­syllabi­que. Mais il existe toute une gradation de cas inter­médiaires : le cas de αg-ᵊlə (eagla) « crainte » ; ɔk-ᵊrəs (ocras) « faim », est déjà moins net, l’évolution étant sensible­ment moins avancée (après occlusive et nasale) devant liquide que devant nasale. Après sifflante, la voyelle est moins déve­loppée encore, et tous les sujets pronon­cent lɑs-ᵊrəχ non lɑ-sə-rəχ.

Un groupe consonantique séparant une voyelle atone d’une voyelle tonique tend à appar­tenir à la syllabe suivante (à être explosif). C’est le cas dans les exemples signalés § 249, où les groupes sont traités, au point de vue du développe­ment de la voyelle svara­bhaktique, comme s’ils étaient initiaux, ce qui s’explique par le fait qu’on a là des groupes explosifs, comme à l’initiale ; ə-brɑ̃:n (Abrán) « avril » ; ɛ-bʹrʹᴜ: (oib­riughadh) « tra­vailler » ; ɔlɑ̃:n (ochlán) « abatte­ment » ; etc. (ce qui n’empêche pas que la consonne ne soit unie à la voyelle précé­dente par jonction étroite « fester Anschluss »).

§ 253. Dans les composés, le sentiment de la composition peut maintenir la sylla­bation telle qu’elle était dans les termes isolés :

α-vʹrʹɑ: ou α-mʹrʹɑ̃:, non αvʹ-rʹɑ: (neamhbhreágh) « laid » ; c’est ainsi qu’on a dans des composés comme ɑnə-hrᴇ̈:ᵊχ (ana-thraochta) « très fatigué », des groupes qui sont communs à l’initiale, c’est-à-dire là où ils sont explosifs, mais ne se rencon­trent pas normale­ment en position médiane, où ils devraient être implosivo-explosifs.