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méditation VI

Dieu, dans la joie de son cœur, de ce que cette précaution sanitaire lui procure une prolongation de jouissances.

§ VIII. — du sucre.

45. — Au terme où la science est parvenue aujourd’hui, on entend par sucre une substance douce au goût, cristallisable, et qui, par la fermentation, se résout en acide carbonique et en alcool.

Autrefois on entendait par sucre le suc épaissi et cristallisé de la canne (arundo saccharifera).

Ce roseau est originaire des Indes ; cependant il est certain que les Romains ne connaissaient pas le sucre comme chose usuelle ni comme cristallisation.

Quelques pages des livres anciens peuvent bien faire croire qu’on avait remarqué, dans certains roseaux, une partie extractive et douce. Lucain a dit :

Quique bibunt tenera dulces ab arundine succos.

Mais d’une eau édulcorée par le sucre et la canne, au sucre tel que nous l’avons, il y a loin ; et chez les Romains l’art n’était point encore assez avancé pour y parvenir.

C’est dans les colonies du nouveau monde que le sucre a véritablement pris naissance ; la canne y a été importée il y a environ deux siècles ; elle y prospère. On a cherché à utiliser le doux jus qui en découle, et de tâtonnements en tâtonnements on est parvenu à en extraire successivement du vesou, du sirop, du sucre terré, de la mélasse, et du sucre raffiné à différents degrés.

La culture de la canne à sucre est devenue un objet de la plus haute importance ; car elle est une source de