Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/12

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Douze ou quinze ans après la publication du piquant article d’Hoffman, un écrivain appartenant à une tout autre famille littéraire, Balzac, qui avait fait, à l’imitation de Brillat-Savarin, mais lourdement et sans charme, une Physiologie du mariage, trop malséante pour rivaliser avec la Physiologie du goût, parla de l’illustre gastronome avec beaucoup de verve et d’esprit. Quelques passages de cette appréciation originale méritent d’être conservés, et nos lecteurs les retrouveront ici avec plaisir :


« Brillat-Savarin offrait une des rares exceptions à la règle qui destitue de toutes hautes facultés intellectuelles les gens de haute taille. Quoique sa stature presque colossale lui donnât en quelque sorte l’air du tambour-major de la Cour de Cassation, il était grand homme d’esprit, et son ouvrage se recommande par des qualités littéraires peu communes. La Physiologie du goût fut une œuvre faite à petits coups, lentement élaborée à des heures choisies. Brillat-Savarin la caressa longtemps et s’en occupait avec assez de tendresse pour la porter au Palais où, dit-on, il en égara le manuscrit, qui fut retrouvé fort heureusement………