fèves de marais, qu’on appelle fèves anglaises ; quand elles sont encore vertes, c’est un manger des dieux.
Moi. — Anathème aux haricots ! anathème aux fèves de marais…
L’obèse, d’un air résolu. — Je me moque de votre anathème ; ne dirait-on pas que vous êtes à vous seul tout un concile ?
Moi, à une autre. — Je vous félicite sur votre belle santé ; il me semble, madame, que vous avez un peu engraissé depuis la dernière fois que j’ai eu l’honneur de vous voir.
L’obèse. — Je le dois probablement à mon nouveau régime.
Moi. — Comment donc ?
L’obèse. — Depuis quelque temps, je déjeune avec une bonne soupe grasse, un bowl comme pour deux et quelle soupe encore ! la cuiller y tiendrait droite.
Moi, à une autre. — Madame, si vos yeux ne me trompent pas, vous accepterez un morceau de cette charlotte ? et je vais l’attaquer en votre faveur.
L’obèse. — Eh bien ! Monsieur, mes yeux vous trompent : j’ai ici deux objets de prédilection, et ils sont tous du genre masculin : c’est ce gâteau de riz à côtes dorées, et ce gigantesque biscuit de Savoie ; car vous saurez pour votre règle que je raffole des pâtisseries sucrées.
Moi, à une autre. — Pendant qu’on politique là-bas, voulez-vous, madame, que j’interroge pour vous cette tourte à la frangipane ?
L’obèse. — Très-volontiers : rien ne me va mieux que la pâtisserie. Nous avons un pâtissier pour locataire ; et entre ma fille et moi, je crois bien que nous absorbons le prix de la location, et peut-être au delà.