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Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/288

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MÉDITATION XXVI.

« Aussitôt Patrocle obéit aux ordres de son compagnon fidèle. Cependant Achille approche de la flamme étincelante un vase qui renferme les épaules d’une brebis, d’une chèvre grasse, et le large dos d’un porc succulent. Automédon tient les viandes que coupe le divin Achille ; celui-ci les divise en morceaux, et les perce avec des pointes de fer.

« Patrocle, semblable aux immortels, allume un grand feu. Dès que le bois consumé ne jette plus qu’une flamme languissante, il pose sur le brasier deux longs dards soutenus par deux fortes pierres, et répand le sel sacré.

« Quand les viandes sont prêtes, que le festin est dressé, Patrocle distribue le pain autour de la table dans de riches corbeilles ; mais Achille veut lui-même servir les viandes. Ensuite il se place vis-à-vis d’Ulysse, à l’autre extrémité de la table, et commande à son compagnon de sacrifier aux dieux.

« Patrocle jette dans les flammes les prémices du repas, et tous portent bientôt les mains vers les mets qu’on leur a servis et préparés. Lorsque dans l’abondance des festins ils ont chassé la faim et la soif, Ajax fait un signe à Phénix ; Ulysse l’aperçoit, il remplit de vin sa large coupe, et s’adressant au héros : Salut, Achille, dit-il… »

Ainsi, un roi, un fils de roi, et trois généraux grecs, dînèrent fort bien avec du pain, du vin et de la viande grillée.

Il faut croire que si Achille et Patrocle s’occupèrent eux-mêmes des apprêts du festin, c’était par extraordinaire, et pour honorer d’autant plus les hôtes distin-

     : mais j’ai cru devoir donner la version latine, parce que cette langue, plus répandue, se moulant parfaitement sur le grec, se prête mieux aux détails et à la simplicité de ce repas héroïque.