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MÉDITATION XXVI.

que Lucullus dépensait à sa table et de la cherté des festins qu’il donnait dans le salon d’Apollon, où il était d’étiquette d’épuiser tous les moyens connus pour flatter la sensualité de ses convives.

résurrection de lucullus.

129. — Ces jours de gloire pourraient renaître sous nos yeux, et pour en renouveler les merveilles il ne nous manque qu’un Lucullus. Supposons donc qu’un homme connu pour être puissamment riche voulût célébrer un grand événement politique ou financier, et donner à cette occasion une fête mémorable, sans s’inquiéter de ce qu’il en coûterait.

Supposons qu’il appelle tous les arts pour orner le lieu de la fête dans ses diverses parties, et qu’il ordonne aux préparateurs d’employer pour la bonne chère toutes les ressources de l’art, et d’abreuver les convives avec ce que les caveaux contiennent de plus distingué ;

Qu’il fasse représenter pour eux, en ce dîner solennel, deux pièces jouées par les meilleurs acteurs ;

Que, pendant le repas, la musique se fasse entendre, exécutée par les artistes les plus renommés, tant pour les voix que pour les instruments ;

Qu’il ait fait préparer, pour entr’actes, entre le dîner et le café, un ballet dansé par tout ce que l’Opéra a de plus léger et de plus joli ;

Que la soirée se termine par un bal qui rassemble deux cents femmes choisies parmi les plus belles, et quatre cents danseurs choisis parmi les plus élégants ;

Que le buffet soit constamment garni de ce qu’on connaît de mieux en boissons chaudes, fraîches et glacées ;