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MÉDITATION XXVI.

puissant dont raffolèrent nos trisaïeules, leur en fit prendre les premières tasses en 1660 ; un Américain en vendit publiquement à la foire de Saint-Germain en 1670 ; et la rue Saint-André-des-Arts eut le premier café orné de glaces et de tables de marbre, à peu près comme on les voit de nos jours.

Alors aussi le sucre commença à poindre [1]; et Scarron, en se plaignant de ce que sa sœur avait, par avarice, fait rétrécir les trous de son sucrier, nous a du moins appris que de son temps ce meuble était usuel.

C’est encore dans le dix-septième siècle que l’usage de l’eau-de-vie commença à se répandre. La distillation, dont la première idée avait été apportée par les croisés, était jusque-là demeurée un arcane qui n’était connu que d’un petit nombre d’adeptes. Vers le commencement du règne de Louis XIV, les alambics commencèrent à devenir communs, mais ce n’est que sous Louis XV que cette boisson est devenue vraiment populaire ; et ce n’est que depuis peu d’années que de tâtonnements en tâtonnements on est venu à obtenir de l’alcool en une seule opération.

C’est encore vers la même époque qu’on commença à user de tabac ; de sorte que le sucre, le café, l’eau-de-vie et le tabac, ces quatre objets si importants soit au commerce, soit à la richesse fiscale, ont à peine deux siècles de date.


    des plants du cafier, qu’ils transportèrent à Batavia, et qu’ils apportèrent ensuite en Europe.
    M. de Reissont, lieutenant général d’artillerie, en fit venir un pied d’Amsterdam, et en fit cadeau au Jardin du roi : c’est le premier qu’on ait vu à Paris. Cet arbre, dont M. Jussieu a fait la description, avait, en 1613, un pouce de diamètre et cinq pieds de hauteur : le fruit est fort joli, et ressemble un peu à une cerise.

  1. Quoi qu’ait dit Lucrèce, les anciens ne connurent pas le sucre. Le sucre est un produit de l’art ; et sans la cristallisation, la canne ne donnerait qu’une boisson fade et sans utilité.