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siècles de louis xiv et de louis xv.

133. — Ce fut sous ces auspices que commença le siècle de Louis XIV ; et sous ce règne brillant la science des festins obéit à l’impulsion progressive qui fit avancer toutes les autres sciences.

On n’a point encore perdu la mémoire de ces fêtes qui firent accourir toute l’Europe, ni de ces tournois où brillèrent pour la dernière fois les lances que la baïonnette a si énergiquement remplacées, et ces armures chevaleresques, faibles ressources contre la brutalité du canon.

Toutes ces fêtes se terminaient par de somptueux banquets, qui en étaient comme le couronnement ; car telle est la constitution de l’homme, qu’il ne peut point être tout à fait heureux quand son goût n’a point été gratifié ; et ce besoin impérieux a soumis jusqu’à la grammaire, tellement que, pour exprimer qu’une chose a été faite avec perfection, nous disons qu’elle a été faite avec goût.

Par une conséquence nécessaire, les hommes qui présidèrent aux préparations de ces festins devinrent des hommes considérables, et ce ne fut pas sans raison ; car ils durent réunir bien des qualités diverses, c’est-à-dire le génie pour inventer, le savoir pour disposer, le jugement pour proportionner, la sagacité pour découvrir, la fermeté pour se faire obéir, et l’exactitude pour ne pas faire attendre.

Ce fut dans ces grandes occasions que commença à se déployer la magnificence des surtouts, art nouveau qui, réunissant la peinture et la sculpture, présente à l’œil un tableau agréable et quelquefois un site approprié à la circonstance ou au héros de la fête.