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Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/324

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MÉDITATION XXIX

LA GOURMANDISE CLASSIQUE

mise en action.

histoire de m. de borose.

146. — M. de Borose naquit vers 1780. Son père était secrétaire du roi. Il perdit ses parents en bas âge, et se trouva de bonne heure possesseur de quarante mille livres de rentes. C’était alors une belle fortune ; maintenant ce n’est que ce qu’il faut tout juste pour ne pas mourir de faim.

Un oncle paternel saigna son éducation. Il apprit le latin, tout en s’étonnant que, quand on pouvait tout exprimer en français, on se donnât tant de peine pour apprendre à dire les mêmes choses en d’autres termes. Cependant il fit des progrès ; et quand il fut parvenu jusqu’à Horace, il se convertit, trouva un grand plaisir à méditer sur des idées si élégamment revêtues, et fit de véritables efforts pour bien connaître la langue qu’avait parlée ce poëte spirituel.

Il apprit aussi la musique, et, après plusieurs essais, se fixa au piano. Il ne se jeta point dans les difficultés indéfinies de cet outil musical[1], et, le réduisant à son véritable usage, il se contenta de devenir assez fort pour accompagner le chant.

  1. Le piano est fait pour faciliter la composition de la musique et pour accompagner le chant. Joué seul, il n’a ni chaleur ni expression. Les Espagnols indiquent par bordonear l’action de jouer des instruments qui se pincent.