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presque toujours une personne dont les aïeux ont longtemps vécu dans l’aisance.

Quand Herminie a relevé sur son peigne la forêt de cheveux qui couvre sa tête et serré une simple tunique avec une ceinture de rubans, on la trouve charmante, et on ne se figure pas que des fleurs, des perles ou des diamants puissent ajouter à sa beauté.

Sa conversation est simple et facile, et on ne se douterait pas qu’elle connaît tous nos meilleurs auteurs ; mais dans l’occasion elle s’anime, et la finesse de ses remarques trahit son secret : aussitôt qu’elle s’en aperçoit elle rougit, ses yeux se baissent, et sa rougeur prouve sa modestie.

Mademoiselle de Borose joue également bien du piano et de la harpe ; mais elle préfère ce dernier instrument par je ne sais quel sentiment enthousiastique pour les harpes célestes dont sont armés les anges, et pour les harpes d’or tant célébrées par Ossian.

Sa voix est aussi d’une douceur et d’une rectitude célestes ; ce qui ne l’empêche pas d’être un peu timide ; cependant elle chante sans se faire prier, mais elle ne manque pas, en commençant, de jeter sur son auditoire un regard qui l’ensorcelle, de sorte qu’elle pourrait chanter faux comme tant d’autres, qu’on n’aurait pas la force de s’en apercevoir.

Elle n’a point négligé les travaux de l’aiguille, source de jouissances bien innocentes et ressources toujours prêtes contre l’ennui ; elle travaille comme une fée, et chaque fois qu’il paraît quelque chose de nouveau en ce genre, la première ouvrière du Père de famille est habituellement chargée de venir le lui apprendre.

Le cœur d’Herminie n’a point encore parlé, et la piété filiale a jusqu’ici suffi à son bonheur ; mais elle a