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Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/341

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ner des regards hypocrites, tandis que de jolies mains font couler pour eux les délices des deux mondes ; mais tout en admirant le plus bel ouvrage du Créateur, la retenue de la sagesse ne cesse pas de siéger sur leur front : la manière dont ils remercient, dont ils boivent, exprime ce double sentiment.

Autour de cette table mystérieuse on voit circuler des rois, des princes et d’illustres étrangers, arrivés exprès de toutes les parties du monde ; ils marchent en silence et observent avec attention : ils sont venus pour s’instruire dans le grand art de bien manger, art difficile, et que des peuples entiers ignorent encore.

Pendant que ces choses se passent dans le sanctuaire, une hilarité générale et brillante anime les convives placés autour de la table du dôme.

Cette gaieté est due surtout à ce qu’aucun d’entre eux n’est placé à côté de la femme à laquelle il a déjà tout dit. Ainsi l’a voulu la déesse.

À cette table immense ont été appelés par choix les savants des deux sexes qui ont enrichi l’art par leurs découvertes, les maîtres de maison qui remplissent avec tant de grâce les devoirs de l’hospitalité française, les savants cosmopolites à qui la société doit des importations utiles ou agréables, et ces hommes miséricordieux qui nourrissent le pauvre des dépouilles opimes de leur superflu.

Le centre en est évidé, et laisse un grand espace qui est occupé par une foule de prosecteurs et de distributeurs, qui offrent et voiturent des parties les plus éloignées tout ce que les convives peuvent désirer.

Là se trouve placé avec avantage tout ce que la nature, dans sa prodigalité, a créé pour la nourriture de l’homme. Ces trésors sont centuplés, non-seulement par leur association, mais encore par les métamor-