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J’ouvris donc avec due révérence la boîte, que je supposais pleine de pastilles. Mais, ô surprise ! ô douleur ! j’y trouvai, en premier ordre, un second exemplaire des trois imprimés que je venais de dévorer, et, seulement comme accessoires, environ deux douzaines de ces trochisques dont la conquête m’avait fait faire le voyage du noble faubourg.

Avant tout, je dégustai ; et je dois rendre hommage à la vérité en disant que je trouvai ces pastilles fort agréables ; mais je n’en regrettai que plus fort que, contre l’apparence extérieure, elles fussent en si petit nombre, et véritablement, plus j’y pensais, plus je me croyais mystifié.

Je me levai donc avec l’intention de reporter la boîte à son auteur, dût-il en retenir le prix ; mais, à ce mouvement, une glace me montra mes cheveux gris ; je me moquai de ma vivacité et me rassis rancune tenante : on voit qu’elle a duré longtemps.

D’ailleurs une considération particulière me retint : il s’agissait d’un pharmacien, et il n’y avait pas quatre jours que j’avais été témoin de l’extrême imperturbabilité des membres de ce collége respectable.

C’est encore une anecdote qu’il faut que mes lecteurs connaissent. Je suis aujourd’hui (17 juin 1825) en train de conter. Dieu veuille que ce ne soit pas une calamité publique !

Or donc, j’allai un matin faire une visite au général Bouvier des Éclats, mon ami et mon compatriote.

Je le trouvai parcourant son appartement d’un air agité, et froissant dans ses mains un écrit que je pris pour une pièce de vers.

« Prenez, dit-il en me le présentant, et dites-moi votre avis ; vous vous y connaissez. »

Je reçus le papier, et, l’ayant parcouru, je fus fort