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Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/390

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était appelé, et un domestique portant, dans un nécessaire d’acajou, tous les ingrédients dont il avait enrichi son répertoire, tels que des vinaigres à différents parfums, des huiles avec ou sans goût de fruit, du soy, du caviar, des truffes, des anchois, du calchup, du jus de viandes, et même des jaunes d’œufs, qui sont le caractère distinctif de la mayonnaise.

Plus tard, il fit fabriquer des nécessaires pareils, qu’il garnit complètement, et qu’il vendit par centaines.

Enfin, en suivant avec exactitude et sagesse sa ligne d’opération, il vint à bout de réaliser une fortune de plus de 80,000 francs qu’il transporta en France quand les temps furent devenus meilleurs.

Rentré dans sa patrie, il ne s’amusa point à briller sur le pavé de Paris ; mais il s’occupa de son avenir. Il plaça 60,000 francs dans les fonds publics, qui pour lors étaient à cinquante pour cent, et acheta pour 20 000 francs une petite gentilhommière située en Limousin, où probablement il vit encore, content et heureux, puisqu’il sait borner ses désirs.

Ces détails me furent donnés dans le temps par un de mes amis qui avait connu d’Albignac à Londres et qui l’avait tout nouvellement rencontré lors de son passage à Paris.

XIV
autres souvenirs d’émigration.
le tisserand.

En 1794, nous étions en Suisse, M. Rostaing[1] et moi,

  1. M. le baron Rostaing, mon parent et mon ami, aujourd’hui intendant militaire