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montrant un visage serein à la fortune contraire, et gardant notre amour à la patrie qui nous persécutait.

Nous vînmes à Mondon, où j’avais des parents, et fûmes reçus par la famille Trolliet avec une bienveillance dont j’ai gardé chèrement le souvenir.

Cette famille, une des plus anciennes du pays, est maintenant éteinte, le dernier bailli n’ayant laissé qu’une fille, qui elle-même n’a point eu d’enfant mâle.

On me montra, en cette ville, un jeune officier français qui y exerçait la profession de tisserand ; et voici comment il en était venu là.

Ce jeune homme, d’une très-bonne famille, traversant Mondon pour se rendre à l’armée de Condé, se trouva à table à côté d’un vieillard porteur d’une de ces figures à la fois graves et animées, telle que les peintres la donnent aux compagnons de Guillaume Tell.

Au dessert, on causa : l’officier ne dissimula pas sa position, et reçut diverses marques d’intérêt de la part de son voisin. Celui-ci le plaignait d’être obligé de renoncer, si jeune, à tout ce qu’il devait aimer, et lui fit remarquer la justesse de la maxime de Rousseau, qui voudrait que chaque homme sût un métier, pour s’en aider dans l’adversité et se nourrir partout. Quant à lui, il déclara qu’il était tisserand, veuf sans enfants, et qu’il était content de son sort.

La conversation en resta là ; le lendemain l’officier partit, et peu de temps après se trouva installé dans les rangs de l’armée de Condé. Mais à tout ce qui se passait, tant au dedans qu’au dehors de cette armée, il jugea facilement que ce n’était pas par cette porte qu’il

    à Lyon. C’est un administrateur de première force. Il a dans ses cartons un système de comptabilité militaire tellement clair, qu’il faudra bien qu’où y vienne.