J’étais, par mon extérieur, celui qui annonçait devoir faire le plus de résistance à la transbordation ; car je suis carré, de haute taille, et je n’avais alors que trente-neuf ans. Ce fut sans doute par cette raison qu’on dirigea sur moi le guerrier le plus apparent de la troupe ennemie, qui vint me faire face en attitude hostile.
Il était haut comme un clocher, et gros en proportion ; mais quand je le toisai avec ce regard qui pénètre jusqu’à la moelle des os, je vis qu’il était d’un tempérament lymphatique, qu’il avait le visage boursouflé, les yeux morts, la tête petite et des jambes de femme.
Mens non agitat molem, dis-je en moi-même ; voyons ce qu’il tient, et on mourra après, s’il le faut. Alors, voici textuellement ce que je lui dis, à la manière des héros d’Homère :
Do you believe[1] to bully me ? you damned rogue. By God ! it will not be so… and I’ll overboard you like a dead cat… If I find you too heavy, I’ll cling to you with hands, legs, teeth, nails, every thing, and if I cannot do better, we will sink together to the bottom. My life is nothing to send such a dog to hell. Now, just now….
« Croyez-vous m’effrayer, damné coquin ?… Par Dieu ! il n’en sera rien, et je vous jetterai par-dessus le bord comme un chat crevé. Si je vous trouve trop lourd, je m’attacherai à vous avec les mains, avec les jambes, avec les ongles, avec les dents, de toutes les manières, et nous irons ensemble au fond. Ma vie n’est rien pour envoyer en enfer un chien comme vous. Allons…[2]. »
À ces paroles, avec lesquelles toute ma personne était