bien peu, parmi ceux qui vivent actuellement, seront témoins de cette palingénésie.
Il faut donc qu’en ma qualité de peintre de mœurs je leur donne le dernier coup de pinceau ; et pour y parvenir plus commodément, j’emprunte le passage suivant à un auteur qui n’a rien à me refuser.
« Régulièrement, et d’après l’usage, la qualification de chevalier n’aurait dû s’accorder qu’aux personnes décorées d’un ordre, ou aux cadets des maisons titrées ; mais beaucoup de ces chevaliers avaient trouvé avantageux de se donner l’accolade à eux-mêmes[1], et si le porteur avait de l’éducation et une bonne tournure, telle était l’insouciance de cette époque que personne ne s’avisait d’y regarder.
« Les chevaliers étaient généralement beaux garçons, ils portaient l’épée verticale, le jarret tendu, la tête haute et le nez au vent ; ils étaient joueurs, libertins, tapageurs, et faisaient partie essentielle du train d’une beauté à la mode.
« Ils se distinguaient encore par un courage brillant et une facilité excessive à mettre l’épée à la main. Il suffisait quelquefois de les regarder pour se faire une affaire. »
C’est ainsi que finit le chevalier de S…, l’un des plus connus de son temps.
Il avait cherché une querelle gratuite à un jeune homme tout nouvellement arrivé de Charolles, et on était allé se battre sur les derrières de la Chaussée-d’Antin, presque entièrement occupée alors par des marais.
À la manière dont le nouveau venu se développa sous les armes, S… vit bien qu’il n’avait pas affaire à un novice : il ne se mit pas moins en devoir de le tâter ;
- ↑ Self created