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Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/87

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DES ALIMENTS.

obligée du dîner qu’il leur offre ? un dindon farci de saucisses ou de marrons de Lyon.

Et dans nos cercles les plus éminemment gastronomiques, dans ces réunions choisies, où la politique est forcée de céder le pas aux dissertations sur le goût, qu’attend-on ? que désire-ton ? que voit-on au second service ? une dinde truffée !… Et mes mémoires secrets contiennent la note que son suc restaurateur a plus d’une fois éclairci des faces éminemment diplomatiques.

influence financière du dindon.

37. — L’importation des dindons est devenue la cause d’une addition importante à la fortune publique, et donne lieu à un commerce assez considérable.

Au moyen de l’éducation des dindons, les fermiers acquittent plus facilement le prix de leurs baux ; les jeunes filles amassent souvent une dot suffisante, et les citadins qui veulent se régaler de cette chair étrangère sont obligés de céder leurs écus en compensation.

Dans cet article purement financier, les dindes truffées demandent une attention particulière.

J’ai quelque raison de croire que, depuis le commencement de novembre jusqu’à la fin de février, il se consomme à Paris trois cents dindes truffées par jour : en tout trente-six mille dindes.

Le prix commun de chaque dinde, ainsi conditionnée, est au moins de 20 fr., en tout 720,000 fr. ; ce qui fait un fort joli mouvement d’argent. À quoi il faut joindre une somme pareille pour les volailles, faisans, poulets et perdrix pareillement truffés, qu’on voit chaque jour étalés dans les magasins de comestibles, pour le supplice des contemplateurs qui se trouvent trop courts pour y atteindre.