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SABBAT

Rien ne peut empêcher le lis d’être si radieux, rien ne peut empêcher la bête curieuse et méchante de plonger en lui de toute son ardeur et de toute sa malice. Admettons que l’un est la Sagesses et l’autre, l’éternelle Avidité.

Je donne facilement à Dieu le Songe, et, au Diable, le Mouvement.

— Philosophie de poète !

— On ne peut pas dire : « Poésie de philosophe. » Comme ces gens-là sont embêtants pour la plupart ! Eh ! ne vois-tu pas l’avantage du gavroche sur le digne monsieur de l’Institut, du moineau sur le garde-champêtre, et, sur le carême, l’avantage de Triboulet qui croit à l’éternité du carnaval ?

Philosophie de poète ? Mais n’ai-je pas raison avec moi-même, comme ont raison avec eux-mêmes, Jérémie quand il se lamente, David quand il danse, Socrate quand il s’empoisonne, Marc-Aurèle quand il est sa propre statue de marbre blanc, Voltaire quand il fait luire son petit œil de Satan parcheminé et Spinoza quand il met ses chères lunettes ?

Ce que je veux, c’est ne pas prendre voix pédante, féroce, taciturne, implacable, c’est ne pas crier : « Puisque je possède la vérité, je vous en fous un grand coup sur la gueule », comme criaient, à travers la pompe liturgique ou avec l’affreux zèle du fanatisme, Bossuet qui mettait, entre Dieu et le chrétien, la pourriture d’un cercueil, et