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SABBAT

nocturne, balançait les étoiles de la Genèse sur le silence de l’Asie…

Et, finalement, nous restons persuadés pour peu que nous soyons poètes, que la Bible est une longue, incohérente et ravissante prouesse du Diable, que Jéhovah est la charge de Jéhovah faite par l’espièglerie ou la mauvaise humeur de l’Artiste qui est trop grand pour n’être pas bouffon, et trop joyeux pour ne pas poser, sur les genoux de Babylone, le groin de Nabuchodonosor après que, de fastes en fastes, il fut changé en pourceau.

Le Diable ? Oui, le Diable ! Est-il nécessaire que je croie au Dieu offensé par le Diable pour croire au Diable ? Non ! Non !

Et, par le Diable, je crois au Diable !

Il fleurit toutes nos ferveurs et les rend gracieuses, il embaume nos vertus d’un petit sachet très pervers — lavande ou mélilot — il couronne nos vices, royalement, d’une tour qui pense, de mille pierreries, d’un tourbillon de parfums ou d’un beau rire d’esclave. Il met, dans le salut de la nonne, la réserve coupable et, dans l’exaltation du prédicateur errant, le grand cri éperdu des bêtes errantes. Il nous amène l’hirondelle, cette âme suspecte, vorace et délicieuse, et fait, sans cesse, partir de nous, ce migrateur éternel : l’amour.

Mais il nous comble davantage, encore. Il donne ses yeux décevants et splendides à