Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/114

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timité du simple voisinage a quelque chose de plus tendre et de plus sacré que celle de la famille dans le vaste désert d’une capitale. Il se reprocha d’avoir perdu si long-temps de vue les tours de Saint-Trophime et l’Homme de Bronze du Plan de la Cour ; il regretta de ne s’être pas ménagé un lieu d’asile pour sa vieillesse, là où il se souvenait enfin que sa première jeunesse s’était écoulée si libre, si gaie, si heureuse. La perspective reculée d’un demi-siècle embellissait cette époque irrévocable de bien des illusions. Tout-à-coup le mal du pays s’empara de lui. Il lui sembla que le soleil d’Arles aurait la vertu de le rajeunir de dix années et de prolonger sa vie d’autant ; toutes les images du passé se réveillèrent alors dans son esprit plus vives et plus riantes. Il attribuait à l’influence du climat de Paris jusqu’aux torts de l’âge, et enfin, prenant presque en haine tout ce qui l’avait séduit pendant si long-temps, il s’était décidé à aller se retremper dans l’air natal. Qui nous dira combien de désappointements l’auraient désabusé là où il espérait trouver le