Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/127

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sard romanesque vous a fait l’obligé. Le jour de sa blessure, il n’avait pu que l’entrevoir ; mais remarquez que trois semaines s’étaient écoulées, pendant lesquelles il avait eu tout le temps de la retrouver dans ses rêves, parée de plus de charmes qu’il ne lui en fallait pour en devenir amoureux. Ces amours, qui nous enchantent en songe, ne sont pas toujours fidèles au réveil ; mais ils préparent merveilleusement l’imagination et le cœur, pour peu que l’objet aimé se prête à accepter le rôle que nous lui avons attribué dans le sommeil ; et puis, quelle curiosité inquiète s’empare de nous lorsque, après une première et courte apparition, l’héroïne de nos rêves reste quelque temps dérobée à nos yeux ! Comme il nous tarde de comparer la réalité à l’idéal, au risque de détruire les prestiges qui nous ont rendus si heureux ! L’émotion du capitaine Babandy au nom d’Odille s’expliquait donc non seulement par le souvenir de la scène que nous avons racontée dans notre second chapitre, telle qu’elle s’était passée, mais aussi par tous les accessoires romanes-