Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/152

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de la famille sont entrées facilement dans mes sentiments et ma philosophie, combien celles de la vie militaire s’en éloignent chaque jour davantage ! Moi qui, orphelin de bonne heure, n’ai jamais reçu les caresses d’une mère, je me croyais l’homme le plus froid du monde ; eh bien ! je suis devenu la sensibilité même ; les larmes me gonflent les yeux à la moindre contrariété qu’éprouve ma femme. Me voilà tout-à-fait efféminé ; je disais tout à l’heure que la Camargue était mon île d’Elbe ; mais c’est plutôt ma ville de Capoue, quoique je ne ressemble guère plus à Annibal qu’à Napoléon. Allons, mon ami, décide-toi à couper ta moustache qui ferait peur à mon petit neveu, et viens achever la réconciliation de Berchigny avec les dames d’Arles. On commence à ne plus tant danser la farandole ; on crie un peu moins haut Vive le roi ! Tu voudras bien cependant modérer ton admiration pour le grand homme, qu’il n’est pas temps encore de replacer ici sur son piédestal. Quoique anciennes royalistes et bonnes chrétiennes, ma femme et sa sœur sont très