Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/177

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rascon. Ils firent à Tarascon une halte de deux heures et continuèrent leur route le long du Rhône. Un peu au-dessus du Mas-des-Tours, là où le fleuve a creusé dans les terres une espèce de baie semi-circulaire, les deux voyageurs virent un cadavre accroché aux oseraies de la rive ; ils s’approchèrent : le corps était livide, et tout annonçait qu’il y avait déjà plusieurs jours qu’il flottait sur le Rhône ; ils crurent devoir se détourner pour avertir le fermier de la propriété voisine. Cet homme leur avoua qu’il n’avait pas osé encore accorder quelques pieds de terre dans un coin écarté à cette victime de la fureur avignonnaise.

— Vous ignorez peut-être, ajouta-t-il, que c’est le cadavre de Brune !

Mazade et Babandy pâlirent en se regardant ; mais ils ne s’éloignèrent qu’après s’être assurés que la sépulture serait donnée enfin, cette nuit même, au malheureux maréchal.

En entrant dans Arles, ils entendirent un joyeux bruit de fanfares qui sonnaient la retraite. Leurs regards se ranimèrent à cette