Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/188

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» Maurice prétend que je marche déjà avec une certaine adresse sur ce pavé plus doux au pied que les petits cailloux mal joints de nos rues, mais où, pendant quelques jours, je ne croyais pas qu’il fût possible à un pied de femme de se poser sans glisser ou s’enfoncer. Je ne suis plus très inquiète de ma personne dans les foules, où il me semblait toujours qu’on pouvait m’arracher du bras de mon mari en me coudoyant, et me faire disparaître tout-à-coup de sa vue, comme un flot perdu dans le flux et le reflux continuel de cette mer humaine. Enfin, je sais garder un maintien au milieu des réunions publiques, où j’étais tout-à-coup confuse de me voir regarder sous le nez par le premier impertinent qui passait, si c’était dans une promenade, ou d’avoir braquées sur moi vingt lorgnettes dans une salle de concert ou de spectacle. Je sais m’isoler dans toute la liberté de mon indifférence, à force de m’être fait répéter par mon mari que personne ne nous connaît ou ne fait long-temps attention à nous ; je finirai