Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/189

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par promener, moi aussi, mes yeux curieux sur tout ce monde qui me semblait n’être occupé que de moi.

» Mais, ma chère sœur, ce qui m’a rendue à demi Parisienne, c’est une couturière qui m’a transformée des pieds à la tête et m’a mise tellement à mon aise dans toutes mes robes, que je ne fais aucune différence entre les neuves et celles qui ont déjà été portées.

« Maintenant je puis te l’avouer, j’ai bien pleuré en secret les premiers mois, et non pas seulement du chagrin de ne plus te voir et du pressentiment que j’avais dit un éternel adieu à cette maison où tu as continué si bien pour moi la tendresse de notre mère ; mais encore je pleurais de l’isolement où je me trouvais au milieu de ce désert peuplé ; chaque fois que mon Maurice s’éloignait pour quelques heures, je prenais notre petite Isabelle dans mes bras, et je lui parlais patois comme si elle pouvait m’entendre, afin de me transporter ainsi à Arles par l’illusion que produisait pour moi les mots de la seule langue que je parlais dans mon enfance. Mon mari a senti le besoin de me