Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/227

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ce ne soit pas très neuf ; mais depuis longtemps les amoureux et les romanciers ont renoncé à varier le style des déclarations.

» — Oui, ma cousine, continua M. d’Armentières, je m’étais créé une femme idéale, moitié ange et moitié fée, sans laquelle je ne pouvais concevoir ni l’amour ni le mariage ; je me tenais prêt à tout sacrifier pour la mériter et lui plaire aussitôt qu’elle m’apparaîtrait, prêt à la suivre au bout du monde, et à vivre dans un désert avec elle, au moindre signe qu’elle daignerait me faire pour m’apprendre qu’elle m’avait compris et apprécié….

» De mieux en mieux, me dis-je encore dans mon vaniteux aparté.

» — Je ne prévoyais pas, continua le cousin, ou ne voulais pas prévoir, qu’un pareil trésor, s’il existait, ne serait pas créé pour moi seul, qu’il y aurait eu d’autres yeux que les miens pour le découvrir avant moi, que mille obstacles m’en sépareraient, et que je trouverais le monde entier peut-être, avec ses préjugés, ses lois, ses devoirs, entre cette merveille unique et ma passion… Je crus en ce moment