Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/344

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Par une singulière fatalité, le seul homme qui pouvait la justifier était forcément un témoin suspect, un complice intéressé. Il y avait certes de quoi égarer une tête plus forte que la sienne, et la vue seule de sa fille put préserver la pauvre Odille du désespoir ou de la folie.

Elle tomba à genoux, invoqua Dieu, son dernier refuge, et éprouva quelque consolation à pouvoir le prier avec le sentiment d’une conscience pure, en se reprochant toutefois d’avoir accusé Dieu aussi, dans le premier cri de sa douleur, d’abandonner une faible et malheureuse mère au jugement des hommes. Elle eut alors la pensée d’écrire à sa sœur, mais elle n’en eut pas le courage. J’attendrai, se dit-elle, ces dernières volontés que Maurice m’annonce. Peut-être ne me laissera-t-il pas du moins ignorer où je puis le revoir et lui parler une dernière fois ! Oh ! le revoir, mon Dieu ! une heure, un moment, je n’en demande pas davantage. Je consens à ne lui faire entendre que ces paroles : — je suis innocente…, et à mourir après, pour