Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/86

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n’était jamais généralement assez bien garnie pour pouvoir accorder plus de la moitié de ce qu’on lui demandait, il n’eût pas voulu avoir l’air de donner au nouvel enfant prodigue une leçon d’économie pour argent comptant. Il se fût bien gardé encore d’attendre qu’une contrariété fît rentrer son fils au logis dans un de ces accès de découragement qui livrent la jeunesse tristement docile aux longues remontrances de l’âge mûr. Ce fut après un simple dîner, où la cordialité avait régné dans le tête-à-tête de la table, et au moment du dessert, que Babandy Ier demanda à son fils si aucune partie ou aucune affaire ne s’opposait à ce qu’il entamât un entretien un peu sérieux. « Un peu sérieux ! » Babandy II ne s’effraya pas de ces mots ; il savait que le sérieux de son père ne durait jamais assez pour troubler sa digestion, et qu’au besoin il possédait lui-même le secret, grâce aux habitudes familières de leurs rapports, d’égayer le discours le plus grave en détournant les mots de leur sens par l’équivoque d’une réplique ou par l’accent avec lequel on les répète en feignant de