Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/94

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Babandy ne prononça aucune parole devant la servante ; mais il monta immédiatement dans sa chambre, faisant signe à son fils de l’y suivre ; et là, fermant la porte, il s’assit, s’essuya le front à plusieurs reprises avec un mouchoir, et après avoir, par cette singulière introduction, préparé le jeune homme à l’écouter sans l’interrompre, il entra en matière en ces termes :

— Mon ami, dit-il, je n’avais pas de temps à perdre pour nous préserver d’un affreux malheur. Je devais surtout agir seul, ne partager avec personne au monde la responsabilité de ce que je viens de faire. Heureusement tu n’auras plus qu’à me remercier, après m’avoir écouté d’abord. Je serai long peut-être dans mon récit ; mais pour que tu me comprennes, j’ai besoin de t’initier au secret de l’époque la plus critique de ma vie, au secret de mon mariage, dont tu as entendu faire tant de versions, et dont il est temps que tu connaisses la véritable. Je glisserai sur l’histoire de ma première jeunesse. Tu ne sais que trop déjà combien il est facile de perdre en extravagances les