Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/95

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plus belles années de sa vie ; mais ce que tu ignores encore, par bonheur, toi qui as su retrouver si exactement toutes les traces de mes pas pour y poser à ton tour l’empreinte des tiens ; ce que tu ignores, dans le tourbillon qui t’entraîne en aveugle, plus heureux de ton insouciance que du reste ; ce que tu ignores, c’est le réveil inévitable d’une vie pareille, qui passe aussi rapide qu’un songe, lorsqu’un matin, la misère, la misère impitoyable et railleuse vient frapper à la porte du dissipateur, l’en chasse au nom d’un étranger, comme s’il n’en avait été jusque là que l’hôte provisoire, et, le dépouillant sur le seuil, lui accorde tout juste quelques vêtements en lambeaux pour le défendre des injures de l’air. Voilà la visite que je reçus un jour. Dans les premières semaines, plus embarrassé de ma honte que des privations auxquelles j’étais condamné désormais, énervé moralement par mes habitudes de paresse, sans songer un moment qu’il était du véritable honneur de lutter contre l’indigence par le travail, je m’étourdis jusqu’à considérer ma ruine comme un affranchis-