Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en la flattant. J’ai écarté un à un tous mes vêtements de deuil, il est vrai, et cela vous blesse, mais tenez-moi compte des transitions ; il s’est écoulé douze ans et plus depuis la catastrophe qui semblait me condamner à un deuil éternel. N’oubliez pas cette date. Votre imagination rapprochant les distances me représentait à vous comme une Artémise aux pieds d’un mausolée ; vous me trouvez en robe de fête et vous en concluez qu’un éclair sinistre ne traverse pas quelquefois mon cœur, qu’un souvenir de regret ne vient jamais changer mes sourires en larmes ; mais alors, Paul, en me voyant porter un deuil de douze années, ne vous serait-il pas venu à l’esprit qu’un si long deuil indiquait peut-être un long remords ? Ah ! si j’étais coupable, c’est alors que ces tissus légers, que ces fleurs, me pèseraient plus que la robe de bure et la guimpe d’une religieuse ! Je n’ai pu prolonger au-delà de deux années la solitude où je m’étais retirée ; mais savez-vous pourquoi ? par ses dernières instructions votre oncle confiait l’éducation d’Isabelle à une maîtresse désignée par lui. Je n’examinai pas