Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ger qu’il avait couru ; ce duel avait été pour elle comme une de ces épreuves terribles auxquelles la médecine expose les malheureux dont la démence a triomphé des remèdes ordinaires. Son imagination remontant le cours des années écoulées depuis la première catastrophe qui était aussi venue la surprendre au milieu du bonheur et de la sécurité, elle retrouvait tout-à-coup au fond de son cœur tout son deuil d’alors, tout son désespoir, comme si ce qui s’était passé depuis la mort de Maurice avait été un vain rêve, ou une de ces folies aux faux sourires qui ne prouvent que l’excès du malheur. Elle eût revêtu volontiers ses robes de veuve, car il lui semblait que ce n’était que d’hier qu’elle avait perdu à la fois son mari et l’estime du monde. La nuit elle se réveillait en sursaut, et croyait voir près d’elle un fantôme qui lui reprochait de l’avoir si facilement oublié ; le jour elle trouvait dans les paroles les plus simples un double sens et une allusion indirecte qu’elle s’appliquait impitoyablement. Vaincue par la persévérance de cette calomnie trop dédaignée