Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/260

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times. Elle ne lui disait pas tout, mais elle faisait mieux, elle lui laissait deviner tout ce qui se passait en elle. Il avait la clef de son caractère, le secret de sa situation. Il lui suffisait souvent d’un sourire ou d’un regard de tristesse pour compléter le sens de ses demi-confidences et de ses phrases interrompues, expression de l’inquiétude vague qu’entretenait dans son âme une imagination malade. Cette mélancolie d’une convalescente était devenue pour Paul une espèce d’étude psychologique, et il la suivait comme aurait fait un médecin, avec une pitié réfléchie et une sympathie intelligente ; tantôt s’alarmant de quelque nouveau symptôme qui semblait faire craindre un dérangement de raison, tantôt se félicitant de pouvoir saisir un pronostic plus heureux.

Il y avait quelques jours qu’il était seul avec sa tante à la campagne, madame Duravel étant venue réclamer Isabelle. Odille se leva plus mélancolique encore qu’à l’ordinaire, plus pâle, plus abattue, plus taciturne. Paul attendait avec anxiété sa première parole, n’osant l’interroger. On se mit à table pour