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Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/265

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lorsque, au lieu de me coucher en même temps que vous, à dix heures, séduite par la beauté du clair de lune, je suis descendue dans cette allée. Je marchais rêveuse et les jeux baissés ; tout-à-coup je relève la tête en entendant un bruit de pas : je vois un homme qui venait à moi, silencieux et les bras croisés. Je m’arrête… il s’arrête… Je reconnais Maurice ; oui, Paul, Maurice vieilli par douze ans d’exil et de vie errante, l’air triste et taciturne, mais Maurice lui-même. Mes forces m’abandonnent, et je tombe évanouie au moment où il me semble qu’il me tendait les bras pour me soutenir. Quand je suis revenue à moi en prononçant son nom, j’ai cru revoir Maurice qui s’éloignait ; j’ai cru du moins entendre ouvrir et puis fermer la petite porte ; mais tremblante et n’osant tourner la tête, sans pouvoir me rendre compte de mes sensations, je me suis traînée jusqu’à ma chambre.

Là, avec une faiblesse d’enfant, je me suis jetée tout habillée sur mon lit… Je n’avais plus qu’une sensation, celle de la peur, cette peur du cauchemar qui paralyse tous nos