Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/319

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subir le doux ascendant du caractère d’une femme née pour le commandement, mais qui, même dans les habitudes despotiques de la vie créole, n’avait jamais oublié que la femme supérieure a besoin de dissimuler sa supériorité, sous peine de perdre les plus précieux attributs de son sexe.

Cette intimité un peu exclusive entre M. de l’Étincelle, sa fille et moi, nous empêcha naturellement de former aucune liaison avec les autres passagers ; cependant, quand nous approchâmes du terme du voyage, nous nous connaissions tous sur le bâtiment, et la conversation devenait plus souvent générale dans la chambre commune où, entre autres récits, on aimait comme d’usage à introduire des contes de voleurs et de pirates. Maintes fois cette supposition fut admise, que nous pourrions fort bien à notre tour fournir un épisode nouveau aux inépuisables histoires de la vie maritime ; et comme à cette époque les parages de l’Amérique du Sud étaient infestés de corsaires, le capitaine mettait volontiers aux voix la conduite qu’il devrait tenir si nous étions attaqués. Tant que le