Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/336

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reçut l’ordre de faire transporter les cadavres hors la ville pour y être dévorés par les vautours. En les entassant dans le tombereau, il crut s’apercevoir que Bénavidès respirait encore, et, n’étant pas de ses amis, il lui donna un grand coup de sabre sur la nuque. Bénavidès en effet n’était pas mort ; même après cette nouvelle blessure il eut la force de se dégager, quand la nuit fut venue, du monceau de cadavres sous lesquels il était enseveli, et de se traîner jusqu’à la cabane d’un paysan, où il fut soigné secrètement jusqu’à guérison complète. Cette espèce de résurrection de Bénavidès fit beaucoup de bruit et donna un nouveau relief à sa réputation d’audace et de férocité. Le général San-Martin, le Libérateur du Pérou, crut qu’il pourrait tirer parti de cet homme extraordinaire dans l’intérêt de la cause patriote. Il lui fit dire qu’il n’était pas éloigné de lui confier un commandement. Bénavidès voulut traiter de puissance à puissance, et demanda une entrevue au Libérateur, qui se prêta à cette vanité d’un chef sans soldats : ils se virent, et Bénavidès, ayant fait ses conditions, alla provisoirement