Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/341

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tions tumultueuses d’une existence agitée au lieu de la quiétude de la retraite où, naguère, ils s’estimaient heureux de pouvoir s’ensevelir tout vivants.

Quand le soir nous débarquâmes à Arauco, j’étais revêtu du grade de colonel d’un régiment de lanciers, ou plutôt du cadre que j’en avais tracé sur le papier. Il est vrai que Lavergue avait cédé à la tentation de remonter à cheval, et pour commencer, j’avais en lui mon premier officier en attendant mon premier soldat. À cette époque, Bénavidès, ayant surtout besoin de grossir son armée de terre, imitait Napoléon convertissant les régiments de marine en régiments de sa garde, et il ne laissa sur ses navires que le nombre de matelots nécessaires pour les tenir mouillés dans la baie. Un vieux marin ayant refusé de quitter l’Hersilie, et de subir ce qui lui paraissait une métamorphose intolérable :

— Tu ne veux pas marcher sur la terre ferme ! lui avait dit Bénavidès ; apprends que tu serais un poisson que je te forcerais de voler. Il fut haché en pièces, et l’on attacha un lambeau de ses membres à un gibet pour