Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/425

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fut obligé, de son propre aveu, d’appeler toute son assurance à son secours pour ne pas être trop écrasé sous la dignité de l’accueil que lui fit son ancienne passion. Elle nous pria d’excuser milord absent pour un quart d’heure encore, en ajoutant que si par hasard cette absence se prolongeait, elle chercherait à nous faire elle-même les honneurs du château. Je n’eus pas l’indiscrétion de l’attirer hors du cercle des phrases générales de la conversation. Heureusement lord Suffolk ne tarda pas à l’entrer et nous mit un peu plus à notre aise ; mais alors, nouvelle excuse réclamée par lady Suffolk qui avait une toilette à compléter. En attendant, lord Suffolk nous conduisit à sa terrasse, qui n’a pas moins de trois cents pieds, et nous fit admirer la vue du nord, très préférable à celle du midi. Les lords anglais ont aussi leur petite vanité de propriétaire, et nous contentâmes celle de notre hôte en nous mettant en extase ; par malheur, le soleil, qui ajoutait à la magie de cette perspective vraiment belle, se cacha tout-à-coup derrière un gros nuage, et ce pauvre soleil anglais ne reparut avec ses humides rayons qu’après que le nuage se fut épuisé par une forte averse qui nous chassa de la terrasse. Pendant ce temps-là, lady Suffolk, sa belle-sœur et une jeune miss en visite au château, avaient complété leur toilette ; elles vinrent s’emparer de nous pour nous montrer les appartements : il ne nous fallut pas moins d’une heure pour parcourir tous les salons et toutes les chambres d’apparat. Que de tableaux, que de sculptures, que de fantaisies en fait de meubles ! Tout est royal ici, ma bonne mère, et encore une fois, c’est Mion Escoube qui peut dire : Tout cela m’appartient, je suis la reine de ces lieux. Quand