Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/427

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opposaient les dernières pierres d’un pont emporté par un ouragan. Mais lady Suffolk cueillit de petites branches d’une espèce de frêne qui préserve des sortiléges, et nous en arma pour nous rendre, dit-elle, invulnérables si par hasard le magicien faisait le méchant. Au sortir de cette île, nous nous dirigeâmes vers une éminence que ces dames, oubliant peu à peu leur titre de pairesses, gravirent en nous défiant à la course ; lady Suffolk arriva la première au but désigné, je la suivis de près. « Avouez, me dit-elle en me montrant de là le château, que voilà une vue qui vaut toutes les toiles de Cicéri ; mais chut, ma belle-sœur est un peu puritaine. »

» Ces promenades ne finirent qu’une heure avant le dîner ; juge de notre appétit : pour ma part j’aurais dévoré, si je n’eusse été un peu gêné par deux valets qui se disputaient l’honneur de me servir. Nous étions huit à table, et nous avions derrière nos chaises plus de dix-huit laquais, maîtres d’hôtel ou écuyers tranchants ! »


troisième extrait.


La lettre suivante, écrite quinze jours plus tard, est datée de Londres.


« Me voilà de retour des lacs depuis trois jours, et dans huit jours encore je partirai pour Paris seul cette fois, M. Bohemond de Tancarville étant décidé à rester à Londres jusqu’à ce qu’il ait fait comme ses aïeux, ce qu’il appelle sa conquête d’Angleterre. Je commençais à ra’habituer à la vie de prince chez lord Suffolk. J’avais là mon petit appartement complet, mon cheval, mon groom, etc. Nos journées étaient bien remplies, je t’assure, et nos