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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/102

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Divination des anciens, que les Augures, Arioles, Aruspices, Vaticinateurs, & Nigromanciens souloyent trouver en contemplant les interïeures parties des oyseaux, & autres animaux trepassez, en faisant leurs sacrifices.
CHAP. XXII.


JA avons rendu raison pourquoy les Egyptiens souloyent adorer plusieurs animaux, & quelques oyseaux, & au livre De Vedicato funere avons dit qu’ils les souloyent confire lors qu’ils les trouvoyent morts par les champs : mais nous en parlerons encor au chapitre de l’Ibis, & de la Cigogne. Il n’est aucune chose moderne qui ne se resente je ne sçay quoy de l’antiquité : Car les hommes n’ont rien de meilleur que de s’accommoder par les lois & coustumes de leurs ancestres, & moyennant qu’ils le facent avec discretion en comparaison du pire au meilleur, lon n’y trouvera que reprendre. Il est quelque fois necessaire dire beaucoup en parlant des choses que le vulgaire les ignorant estime petites : telles possible, qu’es divinations, & aruspices, que certains hommes constituëz en tels offices faisoyent anciennement sur les chants des oyseaux : Car ils pretendoyent diviner les choses futures, ou pour les avoir veu voler, ou de leur avoir regardé les entrailles, ou par leurs contenances. Galien au livre De sectis philosophorum, n’a du tout rejecté leur doctrine : Car il escrit ainsi : Plato, necnon & Stoici divinatione introducunt, quae vel nu ninis alicujus praesentia, vel propriae mentis divinatate, vel soluto per sonnum animo excitatur, praeterea Astrologica, & haruspicina. Verum ut hi plura divinationis genera ponunt, ita omnia Xenophanes, & Epicurus tollunt. Pythagoras haruspicina tantum improbat. Aristoteles, que sequitur Dicaearchus, duas reliquit, somnium, & furore. Quanuis enim animas immortales esse non arbitrentur, eas tamen divinitatis fatentur cujusda esse participes. Nous avons encor plusieurs autheurs qui font grande mention des anciennes ceremonies, & superstitions de tels sacrificateurs, & principalement Aulugelle en ha parlé en divers chapitres, par lesquels lon peut voir, qu’il advient souvent que ce, que les hommes introduïsent au commencement en bonne partie soubs espece de bien faire, est puis apres subtilement mis en valeur jusques à prendre grande authorité : & que quand quelque chose supersticieuse ha peu frauduleusement gaigner l’entendement de l’homme, vient à la part fin à luy commander totalement. Mais pour bien declarer cecy, il fault commencer de plus loing. Les anciens voyants advenir quelques choses prodigieuses ou es elements, ou en l’estre de nature, principalement en l’aer, en l’eau, ou en terre : comme quand il pluvoit choses monstruëuses, ou que quelque feu, ou nuëe obscure, fouldre, ou tonnerre les avoit espoventez : ils se conseilloyent à aucuns vaticinateurs, c’est à dire divinateurs, sur la matiere advenuë : qui faisoyent à croire qu’ils divinoyent par leurs sciences, dont y en avoit aucunes hommees Eromancie, Geomancie, Piromancie, & Hydromancie. Encor y en avoit d’autres, auquels quand les Republiques, ou princes vouloyent faire une entreprinse hazardeuse, se souloyent conseiller : & iceux estants constituëz en certaines offices de dignité, estoyent diversement nommez, les uns Aruspices, les autres Arioli : desquels le peuple pretendoit sçavoir l’issuë de toutes choses, dont ils seroyent requis. C’estoit la cause,