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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/399

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Du Bruant.
CHAP. XXIII.


LE BRUANT tient ceste appellation Françoyse de son chant : car il semble bruire en chantant. C’est ce qu’Aristote au premier chapitre du neufiesme livre de l’histoire des animaux, ha entendu, quand il dit, qu’il contrefait le hanissement d’un cheval : comme aussi fait bruit en volant. Aristote, à nostre jugement, le nomma Anthus, que les Latins ont tourné Florus : mais les Grecs encor pour le jourdhuy tenants je ne sçay quoy de l’antiquité, ne le nomment de diction ancienne : ains en vulgaire le nomment comme les Latins Florus: car ils ont esté dominez par les Latins, dont ils ont retenu telle diction. Le Bruant est un peu plus gros que le Pinson. Les masles sont quasi touts jaulnes, excepté que l’une partië des aelles, & de la queuë sont entre cendrees & tannees, dont les grosses plumes sont peintes de jaulne plus exquis. Et aussi que les deux plumes qui sont es deux costez de la queuë, sont totalement jaulnes : mais le dedens est de la couleur des autres. Le bec du Bruant est grosset, & poinctu par le bout, & de palle couleur. Ses jambes, & pieds sont quelque peu rougeastres, comme est la couleur de la chair. On les garde en cage, pource qu’ils chantent plaisamment. Ils vivent communement de semence de chenevis, & se tiennent par les haults arbres le long des prairies. Ils ne font moins de cinq petits. Aristote disoit au lieu cy dessus allegué, en ceste maniëre : Anthus se paist de verms, mais non seulement de cela, car aussi paist de l’herbe, le long des lacs & rivieres. Il ha les pieds fendus, estant de belle couleur, & est facile en sa mangeaille. Il est de la grandeur d’un Pinson. Il ha haine avec le cheval : lequel il dechasse de son pasturage de l’herbe, de laquelle