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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/406

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Du Grosbec.
CHAP. XXX.


ENCOR n’avons trouvé autre propre nom Françoys mieux à propos pour nommer cest oyseau, que de l’appeller Grosbec : Car il ha le bec moult gros pour sa corpulence. Il est bien vray qu’es autres contrees on luy donne quelques autres noms : car les Manceaux le nomment Pinson royal. Cest oyseau ne tient sa couleur constamment, non plus que grande partie de plusieurs autres oyseaux : car l’ayant ja observé en Grece, dont en avons rapporté la peau, avons trouvé qu’en mesme oyseau le plumage est different selon l’aage. Il est quelque peu moindre que l’Estourneau, portant le bec dur, si gros, que c’est merveille. Sa teste est orengee par le dessus, ayant une tache noire dessous la gorge. Le dessus du col est cendré, & le dos fauve. Les extremitez de ses aelles sont changeantes comme le collier d’un Ramiër, & toutesfois sont bigarees de blanc entre les plumes. Les extremitez de sa queuë sont blanches : mais le dessus est fauve, qui est de mesme couleur dessous la gorge, l’estomach, & le ventre. Ce qu’Aristote ha noté en son Pardalus, au vingt-troisiesme chapitre du neufiesme livre des animaux, convient à cest oyseau. Pardalus (dit il) est de couleur cendree, approchant à la grandeur des dessusdits : car il avoit des-ja parlé de l’Estourneau, Collurio, Coeruleo, Molliceps, Loriot. Communement (dit il) on le voit voler en trouppe, en sorte qu’à peine le voit-on voler seul, reïterant souvent sa voix, mais elle n’est pas forte. Toutes les susdites enseignes du Pardalus d’Aristote, conviennent à nostre Gros becd : car on ne le voit voler seulet, & fait un chant mal plaisant, & par ce est desestimé à tenir en cage.