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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/93

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quam Grues, cum haec nunc ales inter primas expetatur, illam nemo velit attigisse. C’est donc à dire qu’on mangeoit la Cigogne du temps de Pline, & estoit en delices comme est encor maintenant l’Alouëtte de mer, la Barge, le Chevalier noir, & rouge, entant qu’ils sont seulement prins en hyver, & sont bien gras, & en bon point, sont estimez de tous habitants des villes de bonne saveur, qui nous semble à bon droit, sçachants qu’ils sont de bon manger. Les Corliz, la Poullette d’eau sentent merveilleusement le sauvage. Le Martinet pescheur n’est quasi rien estimé, pource qu’il est gardé sec pour sa couleur exquise. Le Blanculet est singulier en excellence de bonté. Le Rasle noir sent aussi le sauvage, aussi est de mauvaise digestion. Les oyseaux terrestres ont ceste difference entre eux, que les uns sont de grande corpulence, les autres de petite : desquels les uns sont meilleurs que les autres. L’Autruche est viande commune aux Africains, comme à nous une Oye, ou Cane. Galien au tiers livre des aliments, escrit, que la chair des Ostardes est moyenne entre la chair de Gruë, & la chair d’Oye. La Cane petiere n’est moins louëe en bonté que les Perdris, dont y en ha de diverses sortes, lesquelles, comme aussi le Francolin, & la Gelinote, & Coc de bois, sont jugees faciles à digerer, & engendrer le sang subtil. Lon pense qu’il y ha trois sortes de chair au Coc de bois : la premiere chair de sa poictrine est dure comme de bœuf : l’autre plus profonde, ressemble totalement à celle d’un Faisant : & la tierce contre l’os, sent la Perdris. Les Poulles d’Inde & d’Afrique ont tousjours esté estimees delicates en touts repas, encor plus refroidies que chauldes. Les Cailles, encor qu’elles soyent viande dediee pour friandise, ont esté desdaignees, comme encor sont defenduës, sinon à gents bien sains, comme aussi le Rasle de genet. Le Pluvier, la Becasse, qui toutesfois sont viandes d’excellent manger, & de bon goust, engendrent gros sang. Le Paon est estimé es banquets, toutesfois c’est viande durette, comme aussi sont les Poulles de la Guinee. Le Faisant, les Poulles Autrucheres, & les nostres privees, avec les Chapons, Poullettes, & Poullets sont tousjours concedez en toutes maladies. La Calendre, le Cochevis, l’Alouëtte, la Farlouze, le Proyer, & autres petits oyseaux terrestres pour estre de seiche temperature, sont plus souvent baillez pour medecine, que pour nourriture, mais à gents sains sont au lieu de grande friandise. Les Corbeaux & Corneilles sont du tout deffenduës, mais les Freus, & Chouëttes tant rouge que noire, & aussi la Pie & Corneille emmentelee, encor qu’elles soyent dures à digerer, sont mangees en temps d’hyver, dont les petits sont tendres, lesquels lon mange au printemps. Et pource que c’est grosse viande & melancholique, il n’y ha que les gents de basse condition qui sens’en servent. Les Ramiers, Bisets, & Pigeons fuyars, & aussi les privez sont colloquez quasi en mesme temperature, lesquels comme les Turtrelles, & Pigeons privez, estants morts monstrent estre sanguins, & avoir la chair noire. Parquoy sont communement estimez par trop chaulds. Il n’est aucune nation qui vueille bonnement manger de la chair de Hupe : mais trop bien du Jay, & toutesfois est dure. Les Loriots ne sont en aucune authorité entre nos oyseaux, non plus que toutes les especes de Pics, toutesfois on les mange aux villages. Les Papegaux servent seulement pour la beauté de leurs plumes, & pour parler en cage. Les Merles noirs & blancs, & le tiers du collier, & aussi la Litorne, le Merle bleu, les Trasles, ou Grives, & Tourets, & Mauvis, l’Estourneau, & Turtrelle sont en semblable comparaison de saveur & bonté.