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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/101

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D'UNE FEMME DU MONDE.

semble, ma mère me prit la tête dans ses mains. — Raymonde, ma petite Raymonde, murmura-t-elle, tu l’aimes au moins, ce monsieur ?

Son instinct maternel avait soupçonné la vérité.

Je faillis, dans un élan du cœur, lui tout avouer.

Mais il était trop tard. Le sacrifice était maintenant inévitable, devait être consommé : à quoi eût servi d’alarmer la conscience de ma chère maman.

— Mais, lui répondis-je en souriant et de la façon la plus naïve, puisque je l’épouse, c’est que je l’aime.

— Vrai, bien vrai ?… Jure-moi que c’est la vérité.

Il est des faux serments qui ne peuvent être des crimes.

— Je vous le jure, petite mère.

Et je me jetai dans ses bras, où j’étouffai mes larmes.

Paris, 10 février.

Près de quatre mois se sont écoulés sans que j’aie eu la force de prendre la plume. J’ai