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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/103

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D’UNE FEMME DU MONDE.

Enfin, paraît-il, il n’y a qu’à se louer de la manière dont les choses se sont passées. Ma pauvre chère maman est enchantée : ma robe allait à merveille et l’église était pleine, archi-pleine. Maman assure qu’il y avait deux fois plus de monde qu’au mariage de Jacqueline, lequel a été célébré la semaine dernière. Quel triomphe !

Quant à mon père qui craignait de la part de notre famille — du côté des vieux intransigeants — quelques fâcheuses abstentions, lesquelles n’auraient pas manqué d’être remarquées — on avait chuchoté tout bas le mot de mésalliance — il est aux anges ce soir : pas un vide, pas même une remarque désobligeante ni une note discordante dans le concert de louanges qu’on nous a servi à M. Grandidier et à moi. C’est parfait. J’ai mesuré aujourd’hui, exactement, la puissance de l’argent : elle est bien grande.

Demain on lira dans les journaux que la cérémonie fut magnifique, que Tout-Paris y assistait, s’y pressait, que la mariée était délicieuse et souriante, que son visage rayonnait d’une joie bien naturelle, et plus d’une femme du peuple, plus d’une petite ouvrière, plus d’une bourgeoise même dont j’envie le calme