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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/105

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D'UNE FEMME DU MONDE.

Dans mes oreilles, toutes pleines encore du ronflement des grandes orgues, du brouhaha de la foule, des chuchotements de la sacristie, sonnent avec obstination, inoubliables, ironiques, les paroles du prêtre, l’abbé de la Vernière, qui consacra mon sacrifice et m’ouvrit le chemin du calvaire.

J’ai sous les yeux, gravé sur chine, coquettement relié, orné d’une faveur bleu de ciel, le texte de ce discours. Je le glisse entre deux feuillets de mon journal ; en ce jour, en cet endroit sa place est indiquée :

« Ce m’est un grand honneur, mieux que cela, une grande joie, que d’être appelé à bénir votre union, Monsieur et Mademoiselle, et de venir, l’un des premiers, vous apporter mes vœux pour une vie de félicité dont ce jour est l’aurore.

« Un grand événement va s’accomplir : il importe que vous en saisissiez la grandeur même et toutes les conséquences et que, conscients des devoirs qui vous vont incomber désormais, vous soyez en mesure de n’y jamais faillir.

« Songez-y bien, vous êtes, Monsieur et Mademoiselle, parmi les heureux de la terre,