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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/111

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D'UNE FEMME DU MONDE.

Oh ! oui ; mon Dieu, donnez-moi la force qui me sera nécessaire. Aidez-moi, dirigez-moi, ne m’abandonnez pas. En vous, je mets toute ma confiance, tout mon espoir.

Je pleure, mais il m’est doux de pleurer à vos pieds. Ma douleur se sanctifie, puisque je vous l’offre. Mon sacrifice devient grand et je suis fière de la blessure que je porte au cœur.

Et pourtant quand j’y pense, je crains d’avoir trop préjugé de mes forces. Suis-je vraiment à la hauteur de la tâche que j’ai entreprise ? L’ai-je seulement bien comprise.

Tout à l’heure, dans un instant, un homme pour lequel je n’ai ni amour, ni amitié, ni affection, ni sympathie, ni même indifférence, un homme que je méprise, dont la seule vue m’est insupportable, va venir. Il va venir me chercher, c’est son droit. Et je vais lui appartenir.

Lui appartenir !… Qu’est-ce au juste que cela ? Que signifie ce mot ? Comment s’exercera sur moi son droit de propriété ? Quelles en sont les limites, quelle en est la nature ? Que veulent dire ces paroles, toutes pleines d’engagements mystérieux : « La femme doit obéissance à son mari. »

Cette chose inconnue qui m’attend, qui doit