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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/113

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D’UNE FEMME DU MONDE.

M. Grandidier va venir. Il est ton mari maintenant. Tu es sa femme et… Comment te dire ? Enfin, tu devras lui obéir… tu comprends… même si… même s’il te demandait des choses… des choses qui, au premier abord… peut-être…, certainement… te paraîtront un peu… un peu extraordinaires !

Elle s’arrêta, se prit la tête dans les mains.

— Mais tu vois bien que je suis triste aussi, puisque je pleure !

— Maman, maman ! Ne m’abandonnez pas !

Je jetai mes bras autour de son cou et je m’attachai à elle de toute la force de mon désespoir.

Elle se plaignit sous l’étreinte qui l’étouffait. Mes nerfs tout d’un coup se détendirent : épuisée, inerte, je retombai sur le lit.

Nous pleurions toutes les deux.

Elle fit un effort, se redressa, me regarda et sourit à travers ses larmes.

— J’étais venue pour te parler sérieusement, dit-elle, t’encourager, s’il en était besoin, et voilà que… C’est bête ! Écoute, Raymonde, sois raisonnable. Tu t’alarmes sans motif. Les usages, les convenances, la difficulté qu’on éprouve à en parler, font que jusqu’au dernier moment, jusqu’à la consommation même