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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/114

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LE JOURNAL

du mariage, on laisse les jeunes filles dans l’ignorance de certains… détails qui, si tu veux bien m’en croire, pour tout mystérieux qu’on les tienne, sont loin d’être les plus désagréables de la vie.

Elle rit et elle ajouta :

— Guy de Maupassant appelle cela « le grand secret de l’amour » et reconnait lui-même qu’il est difficile à une mère de le divulguer à sa fille.

Attentivement, je l’écoutais parler. J’essayais de pénétrer le sens de ces paroles pour moi incompréhensibles, sans y parvenir, et le voile obstinément maintenu jusqu’au dernier moment sur cette chose qui allait s’accomplir ne faisait qu’augmenter ma terreur.

Quelque effort d’imagination que je fisse, je ne pouvais comprendre un événement sur lequel une mère ne pût s’expliquer à sa fille franchement et sans détour, et qui ne fût pas quelque chose d’affreux, de monstrueux ! Il m’était impossible de concevoir un acte qu’on pût honnêtement accomplir et dont il fût malhonnête de parler.

— J’ai peur, maman ! Vous voyez bien que je tremble ! Je sens que je vais être malade !

Et je pensais en moi-même :